Pierre Boyer est professeur au Département d’économie de l’École Polytechnique, directeur adjoint de l’Institut des Politiques Publiques et chercheur associé au CEPR. Il a obtenu en 2017 le Prix Malinvaud du meilleur article d’économie d’un jeune économiste. Nous avons eu l’occasion de l’interviewer lors des Rencontres Économiques d’Aix, où il modérait la controverse « Papy-boomers, un poids sur les économies ? »
EP : Qu’est-ce qui a motivé votre venue aux Rencontres Économiques d’Aix ?
PB : Les Rencontres Économiques permettent de rencontrer des acteurs du monde économique et des journalistes. En particulier, je viens d’avoir l’opportunité d’échanger avec Magda TOMASINI et Bruno ANGLES, les deux intervenants de la controverse que je modérais.
EP : Comment avez-vous procédé pour organiser cette controverse ?
PB : Les organisateurs des Rencontres Économiques proposent un fil conducteur pour les échanges afin que la conférence soit le plus agréable à suivre pour les participants. C’est une belle organisation ! Ainsi, nous avons eu des échanges avec les intervenants en préparation de cette table ronde pour structurer les questions/réponses et s’accorder sur le déroulé des arguments pendant la controverse.
EP : Comment percevez-vous cette controverse ?
PB : Je n’ai joué qu’un rôle de modérateur lors cette controverse parce que ce n’est pas mon sujet de recherche, qui est celui de la fiscalité. L’idée était que j’amène les questions avec un regard extérieur et que je laisse parler les intervenants qui sont deux experts du domaine. Ils ont apporté des solutions concrètes en matière de financement du grand âge et des chiffres pour éclairer l’enjeu du changement démographique avec l’arrivé des papy-boomers à la retraite et leurs poids sur l’économie. Ils ont aussi bien insisté sur le fait que, malgré un défi du financement, le fait que les papy-boomers vivent plus longtemps est une chance pour nos sociétés !
EP : Après la réforme des retraites, un certain nombre de jeunes étaient en colère de devoir travailler plus longtemps pour payer la retraite de ceux qui selon eux avaient profité de la période de Trente Glorieuses et donc d’un climat économique plus favorable sur le marché du travail. Quel point de vue vous portez sur ça ?
PB : Sur la réforme des retraites il y a eu beaucoup de travaux et en particulier de l’Institut des politiques publiques qui a amené beaucoup d’éléments pour permettre aux citoyens et aux décideurs de comprendre dans quelle mesure il y avait un enjeu de financement et qui allait être gagnants et perdants de la réforme. Ces travaux ont aussi montré que la question de justice intergénérationnelle est importante : nous allons laisser une dette colossale aux générations futures. Pour revenir à la controverse, l’idée avancé par Bruno ANGLES que les papy boomers ont dans les mains un patrimoine financiers et immobiliers importants, et qu’ils pourraient le mobiliser pour financer les dépenses associées au vieillissement de leur génération est un point intéressant pour essayer d’éviter un conflit intergénérationnel.